Accompagner des enseignants pour optimiser leur façon d’intervenir auprès des élèves ayant des difficultés comportementales

Ce projet est né de l’initiative de Caroline Couture et de Line Massé, professeures au département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Dans le cadre de projets de recherche antérieurs, ces chercheuses avaient constaté que bon nombre d’enseignants avaient besoin de soutien en matière d’intervention auprès des élèves présentant des difficultés comportementales. 

Elles ont donc mis en œuvre, de concert avec des partenaires des milieux scolaires, un projet d’accompagnement destiné à aiguiller les enseignants pour qu’ils interviennent plus efficacement auprès des élèves ciblés.

« Le projet visait à aider les enseignants à évaluer leurs pratiques auprès des élèves en difficulté de comportement afin de développer des pratiques plus proactives qui répondent mieux aux particularités de cette clientèle. » – Jonathan Tremblay, psychoéducateur et accompagnateur dans le cadre de ce projet. »

Le projet en un clin d’oeil

Le programme d’Accompagnement collaboratif des enseignants du secondaire (ACES), utilisant l’évaluation fonctionnelle des comportements et les techniques comportementales, a été offert à des enseignants du secondaire œuvrant auprès d’adolescents présentant des difficultés comportementales. ACES a pour but de faciliter l’intégration scolaire des adolescents présentant des troubles du comportement en classe ordinaire. Il comporte cinq à six rencontres d’accompagnement par année se déroulant de novembre à mai et est offert selon deux modalités, soit en individuel ou en groupe. Les rencontres de groupe duraient environ 120 minutes alors que les rencontres individuelles duraient 75 minutes.

Cent-vingt-neuf enseignants ont participé à ce projet, répartis en deux groupes de traitement (consultation individuelle, n= 30; consultation de groupe, n= 55) et en un groupe témoin (n= 44).  L’accompagnement était offert par un intervenant provenant des milieux scolaires partenaires. Chacune de ces rencontres s’articulait autour d’un contenu théorique prédéterminé et de l’analyse d’une situation problématique vécue par l’enseignant, l’un des buts de la rencontre étant d’établir un plan d’action pour remédier à cette situation.  

Pour être en mesure de jouer leur rôle adéquatement, les accompagnateurs (N= 16) ont été formés à cet effet et ont été guidés par les professeures Couture et Massé tout au long du projet, des rencontres avec la chercheuse s’effectuant sur une base régulière.

« Une formation en accompagnement était obligatoire au préalable. Des réunions de coordination du projet avaient lieu avec la chercheuse [à un intervalle de 6 semaines environ] afin de faire du monitoring, de recevoir et de donner du feedback ainsi que d’explorer le contenu [à aborder avec les enseignants]. » – Jonathan Tremblay, psychoéducateur et accompagnateur dans le cadre de ce projet.»

Les défis et les bons coups

Comme c’est souvent le cas dans les projets d’accompagnement, le plus grand défi rencontré dans cette démarche a été de faire baisser les résistances des participants. Pour ce faire, les accompagnateurs se sont notamment efforcés de respecter le rythme des enseignants et de baser leurs interventions sur les besoins particuliers de ces derniers.

Cela a eu l’effet escompté, puisque non seulement les résistances sont tombées, mais on a pu voir les enseignants modifier graduellement leurs pratiques en s’inspirant du contenu abordé dans le cadre du projet, réussite dont les instigateurs sont évidemment très fiers.

Une autre réussite du projet réside dans le fait que la plupart des enseignants participants ont développé le réflexe de partager davantage avec leurs collègues, réflexe souhaitable particulièrement dans le milieu de l’enseignement.

L’utilisation des connaissances issues de la recherche

Occupant une place centrale dans le projet, les connaissances scientifiques ont été mobilisées tout au long de sa mise en œuvre. C’est notamment ce qui a permis de rendre concrètes les bases théoriques sur lesquelles reposait le projet et de favoriser leur appropriation par les enseignants.

Les acteurs du projet ont accédé aux connaissances issues de la recherche par le biais du contact direct avec la chercheuse, de la formation et des lectures fournies dans le cadre du projet ainsi que par leurs recherches personnelles.

Le recours aux ressources scientifiques avait comme principal objectif d’outiller les enseignants pour qu’ils optimisent leur façon d’intervenir auprès des élèves présentant des difficultés comportementales.

Un regard sur la réflexion

Plusieurs thèmes ont été abordés dans le cadre de ce projet, dont les pratiques proactives, la dynamique de groupe, la fonction des comportements et leur évaluation fonctionnelle, ces deux derniers thèmes ayant d’ailleurs suscité un intérêt particulier chez les participants.

Ce projet a permis aux enseignants d’augmenter considérablement leur efficacité en matière de gestion des comportements, et ce, surtout auprès des élèves ciblés par la démarche. Leur participation a réduit leur stress à enseigner à ces élèves. De plus, la majorité des enseignants participants sont désormais plus naturellement portés à échanger et à collaborer avec leurs collègues, ce qui constitue une autre retombée non négligeable du projet.

Les résultats de la recherche montrent que le programme ACES, inspiré du modèle de consultation comportemental et du modèle de consultation en santé mentale, peut être facilement mis en place auprès des enseignants qui œuvrent dans les écoles secondaires afin de faciliter l’intégration des élèves présentant des troubles du comportement (PTC). Les deux types de modalités, soit l’accompagnement individuel ou l’accompagnement de groupe, offrent un contexte pour un dialogue professionnel dans lequel les enseignants peuvent mieux comprendre les problèmes rencontrés avec leurs élèves PTC et les résoudre de façon constructive. Le dialogue collaboratif permet aux enseignants de voir des perspectives différentes sur les problèmes rencontrés et d’explorer de nouvelles pistes de solutions.

Bien qu’il n’existe peu de différences d’effets ou d’impacts pour les enseignants selon la modalité offerte, la modalité de groupe est la plus populaire auprès de toutes les parties prenantes pour la richesse des échanges et la force du groupe à contrer les résistances au changement. L’accompagnement peut être réalisé avec succès tant par un enseignant-ressource que par un professionnel non enseignant (psychologue ou psychoéducateur), mais l’accompagnateur doit avoir une crédibilité dans le milieu et doit avoir une solide expertise en ce qui concerne les élèves PTC.


Personnes-ressources:

  • Caroline Couture, professeure au département de psychoéducation – Université du Québec à Trois-Rivières – Campus Québec (caroline.couture@uqtr.ca)
  • Line Massé, professeure titulaire au département de psychoéducation  – Université du Québec à Trois-Rivières – Campus Québec (line.masse@uqtr.ca)

Personnes impliquées dans le projet:

  • 129 enseignantes et enseignants
  • 16 accompagnateurs – un pour chacune des écoles participantes (conseiller pédagogique en adaptation scolaire, psychoéducateur, psychologue, enseignant ressource)
  • Caroline Couture, professeure et chercheuse – Université du Québec à Trois-Rivières
  • Line Massé, professeure et chercheuse – Université du Québec à Trois-Rivières
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