Quand communauté de pratique rime avec innovation technopédagogique

Le projet « Fab Lab », implanté dans plusieurs écoles de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, a pris forme lors d’un chantier de réflexion sur l’école du XXI^e siècle. Il est plus particulièrement issu d’une démarche de codesign visant à adapter le concept de laboratoire de fabrication numérique (« fabrication laboratory ») du MIT à l’école québécoise.

Plusieurs acteurs ont été impliqués dans ce projet : une demi-douzaine d’enseignants du secondaire, deux conseillers pédagogiques, un animateur à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire, un gestionnaire des services éducatifs, deux techniciens en travaux pratiques, deux directions d’école et des experts externes.

 « Le Fab Lab CSMB est le moyen employé par les dirigeants de la commission scolaire pour concrétiser le travail d’une équipe multidisciplinaire sur les usages pédagogiques de la fabrication numérique. » – Mathieu Dubreuil, conseiller pédagogique en science et technologie.

Le projet en un clin d’oeil

La première année du déploiement de ce projet, le Fab Lab CSMB, qui était alors un atelier mobile, s’est installé successivement dans quatre écoles secondaires. Or, l’engouement pour le concept a été tel que huit écoles ont fait l’achat d’équipement pour offrir une ressource stable aux apprenants et au personnel enseignant.

Pour faciliter l’implantation des laboratoires de fabrication dans ces écoles, la concertation et la collaboration entre les différents acteurs ont été encouragées, notamment par l’instauration d’une communauté de pratique. Celle-ci leur a offert un espace de réflexion collective et de partage d’expertise et d’expériences qui s’est avéré être un élément clé pour le développement des nouvelles pratiques.

« Il est indéniable que la mise en œuvre des pratiques innovantes [liées au Fab Lab] a été rendue possible par l’instauration d’une communauté de pratique. » – Mathieu Dubreuil, conseiller pédagogique en science et technologie.

En outre, dès le début du projet, on a offert aux enseignants des formations au sujet des « Fab Labs », lesquelles portaient notamment sur les outils technologiques qu’ils mettent en jeu et sur les approches pédagogiques que ce type d’environnement d’apprentissage favorise.

Les enseignants ont également pu bénéficier, tout au long du projet, de la présence régulière de technologues du numérique, qui leur offraient du soutien personnalisé, et de celle d’un conseiller pédagogique, qui les appuyait en ce qui a trait à la définition des intentions pédagogiques, à l’aménagement de la classe ainsi qu’à la gestion de classe et qui a animé diverses activités de médiation technologique.

Les défis et les bons coups

C’est le soutien technique aux utilisateurs qui a représenté le plus grand défi dans ce projet, puisque ceux-ci avaient beaucoup de questions liées au fonctionnement de ces nouvelles technologies de conception et de fabrication numériques. La communauté de pratique a cependant pu alléger quelque peu la tâche des ressources techniques, puisqu’elle facilitait le flux d’informations entre les acteurs de la démarche.

Pour ce qui est des réussites du projet, on a notamment pu observer un accroissement de la motivation des enseignants à intégrer les TIC dans leur pratique, une modification du rapport à l’erreur chez les élèves lors de la réalisation de tâches ainsi que la création d’une dynamique très intéressante dans les classes participantes.

« Avec la mise en œuvre [de ce projet], les enseignants prennent des risques et apprennent au même rythme que les élèves, ce qui donne une dynamique d’apprentissage continu aux élèves et leur montre qu’il est possible d’apprendre à apprendre à tous les moments de notre vie. » – Mathieu Dubreuil, conseiller pédagogique en science et technologie.

L’utilisation des connaissances issues de la recherche

Les nombreux écrits scientifiques sur lesquels les acteurs ont pris appui dans le cadre de ce projet étaient surtout liés aux principes théoriques des « Fab Labs » et à l’exploitation de la fabrication numérique en classe, les données de recherche quant à ce dernier thème se faisant cependant rares pour ce qui est du contexte précis de l’enseignement au secondaire.

Bien que l’on n’ait pas eu recours à l’accompagnement par des chercheurs dans ce projet, les instigateurs sont d’avis, a posteriori, que cela aurait été souhaitable, notamment pour aiguiller les enseignants dans la redéfinition des conditions d’enseignement et d’apprentissage qu’impliquent les laboratoires de fabrication numérique.

Un regard sur la réflexion

Mais qu’est-ce qu’un « Fab Lab »? Il s’agit en fait d’un lieu où les élèves opèrent des machines-outils à commande numérique pour que soient fabriqués des objets qu’ils ont eux-mêmes conçus à l’ordinateur. Les laboratoires de fabrication permettent notamment aux apprenants de développer leur agilité numérique et leurs compétences en résolution de problèmes, de stimuler leur pensée créatrice et de travailler en collaboration.

La mise sur pied de tels laboratoires numériques à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a favorisé la mise en œuvre d’approches pédagogiques variées telles que la pédagogie par projets, l’itération des solutions et l’interdisciplinarité. Elle a également permis d’enrichir les activités en science et technologie, de les ancrer dans des situations authentiques, contextualisées et intégratives et de faciliter l’enseignement des compétences transversales.

Enfin, grâce au projet, les enseignants ont pu optimiser leurs pratiques éducatives et les adapter à l’ère numérique.

Personne-ressource de l’école:

• Mathieu Dubreuil, conseiller pédagogique en science et technologie (mathieu.dubreuil.cousineau@csmb.qc.ca)

Personnes impliquées dans le projet:

• Une demi-douzaine d’enseignants
• Deux conseillers pédagogiques
• Un animateur à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire
• Un gestionnaire des services éducatifs
• Deux techniciens en travaux pratiques
• Deux directions d’école
• Experts externes