L’école des Pionniers de la Commission scolaire des Découvreurs met en place, depuis plusieurs années, des pratiques visant à faciliter la transition des enfants de la maison ou d’un service de garde éducatif (p.ex. centre de la petite enfance – CPE) vers le milieu scolaire, soit la maternelle. Il peut s’agir, par exemple, de la visite de l’école par les enfants du CPE du village. Puisque ces activités ciblent principalement le passage vers la maternelle, la conseillère pédagogique Claudine Perreault et des enseignantes (Karine Spénard, Natasha Desmeules, Audrey Pichette et Catherine Hardy) ont voulu se pencher sur les manières de faciliter la transition maternelle-primaire. Dans le cadre des rencontres organisées par l’instance régionale de concertation de la Capitale-Nationale (IRC-CN), le projet de recherche de Mme Stéphanie Duval, professeure chercheuse à l’Université Laval, s’est alors présenté comme une belle occasion de poursuivre la mise en place de pratiques de transition, en examinant davantage leur harmonisation au moment du passage de la maternelle vers la première année du primaire, qui constitue aussi une étape marquante du parcours scolaire.
« Bien que l’entrée à la maternelle soit nécessaire à considérer, celle vers l’école primaire constitue également un moment fondamental dans la vie d’un enfant. En effet, si la maternelle prône un programme développemental, l’approche disciplinaire est priorisée dès l’entrée en première année, celle-ci intégrée dans une conception de l’apprentissage qui permet la compréhension et l’appropriation de différentes connaissances. » – Stéphanie Duval, chercheuse principale.
Le projet a été mené auprès de 56 enfants qui transitaient de l’éducation préscolaire vers l’enseignement primaire. Pour le réaliser, l’école des Pionniers a travaillé en collaboration avec plusieurs acteurs du milieu scolaire et de la recherche. Plus précisément, l’équipe était composée de trois chercheuses (Stéphanie Duval – chercheuse principale (UL), Alice Vanlint – cochercheuse (UQTR) et Joanne Lehrer – cochercheuse (UQO)), de trois auxiliaires de recherche (Noémie Montminy, Anne-Sophie Parent et Clara Méthot, étudiantes au 2e cycle universitaire), d’une conseillère pédagogique (Claudine Perreault), de deux enseignantes de maternelle (Karine Spénard et Natasha Desmeules) et de deux enseignantes de première année (Audrey Pichette et Catherine Hardy).
Afin de soutenir adéquatement l’enfant lors de la transition vers la première année, la chercheuse a suggéré aux participantes de se questionner sur les manières de miser sur la continuité pédagogique entre les milieux éducatifs que représentent l’éducation préscolaire et la première année du primaire, afin de favoriser l’ajustement socioscolaire des enfants âgés entre 5 et 7 ans. Il s’agissait donc de l’objectif de ce projet de recherche, soit de miser sur l’harmonisation des pratiques pédagogique entre la maternelle et la première année. Plus précisément, ce projet visait à accompagner des enseignantes de maternelle et de première année dans la planification de ce moment de transition, pour favoriser l’intégration des enfants dans leur nouvel environnement, tout en considérant leurs besoins et leur rythme de développement. Il s’agissait par exemple de réfléchir aux manières d’aménager une classe de première année en s’inspirant de celle de la maternelle afin de privilégier une approche développementale misant sur le jeu et l’apprentissage actif dès l’entrée de l’enfant au primaire.
« En comparaison avec le milieu pédagogique de la maternelle qui mise sur le jeu comme contexte d’apprentissage et de développement par excellence, celui du primaire en est un qui prône un enseignement plus formel de différents domaines d’apprentissages […]. Par la nature des changements dans les modalités d’apprentissage qu’impose le passage de l’éducation préscolaire vers l’enseignement primaire, certains enfants peuvent plus ou moins bien s’y adapter, cela pouvant avoir un effet sur leur réussite éducative. » – Stéphanie Duval, chercheuse principale.
Les activités liées à ce projet de recherche se sont échelonnées de mai à décembre 2018. L’accompagnement des enseignantes dans l’ajustement de leurs pratiques a pris la forme, d’une part, d’observations faites par leurs collègues et de rencontres organisées avec la chercheuse principale et la conseillère pédagogique, et, d’autre part, d’une expérimentation en classe.
Au printemps et à l’automne, les enseignantes ont été appelées à s’observer mutuellement en classe afin de cibler les besoins et les points importants du projet de transition de l’éducation préscolaire vers le primaire. Ensuite, les enseignantes de maternelle et de première année ont participé à cinq rencontres de concertation animées par la chercheuse principale, Stéphanie Duval, lesquelles leur ont permis de réfléchir à diverses approches favorisant la continuité pédagogique entre la maternelle et la première année. Ces rencontres leurs ont donné l’occasion d’explorer différents contextes de classe (p.ex. contextes axés sur le jeu symbolique), ainsi qu’à planifier « ensemble » la mise en place de pratiques de transition axées sur l’approche développementale et la pédagogie par le jeu. Ces rencontres ont ainsi permis aux différents acteurs engagés dans cette transition de considérer leurs différentes perspectives.
De plus, les enfants ont eu l’occasion de s’exprimer et de discuter de leurs perceptions concernant la transition scolaire via des causeries animées en classe (printemps et automne 2018). Ces rencontres ont été guidées par une auxiliaire de recherche suite à la réalisation d’un dessin ayant comme thème la transition scolaire. Enfin, les parents des enfants concernés ont aussi été invités à participer à la démarche en assistant à deux rencontres (avant et après la transition vers la première année). Ces rencontres ont permis de recueillir les perceptions des parents face au passage de leur enfant vers le primaire; il s’agissait aussi d’un moment privilégié pour les enseignantes (maternelle et première année) qui pouvaient alors connaitre leur avis, répondre à leurs questions et les accompagner lors de ce moment important.
« Les rencontres d’accompagnement avec la chercheuse ont été très appréciées, lesquelles ont permis de susciter la réflexion chez les enseignantes. Elles ont eu la chance de confronter leurs idées, de réfléchir ensemble aux différents moyens d’assurer la réussite des élèves. Différentes pistes de réflexion ont émergé quant à la gestion de l’espace, du temps et des modalités d’apprentissage et de développement, et ce, en vue de faciliter le passage de l’enfant vers le primaire. » – Claudine Perreault, conseillère pédagogique.
Les enseignantes ont nommé les temps de rencontre comme un facteur déterminant dans ce projet. Les moments de libération leur ont permis d’échanger, de comparer leurs pratiques, de réfléchir en équipe, voire de dégager des objectifs à atteindre en lien avec l’harmonisation des pratiques pédagogiques entre l’éducation préscolaire et l’enseignement primaire. Les temps d’échanges et de réflexion semblent représenter des conditions gagnantes permettant d’apporter des changements dans les pratiques, sans alourdir la tâche des enseignantes.
« Le fait d’avoir rencontré les parents en juin (avec les enseignantes de maternelle et de première année) a permis de répondre à leurs questions et de comprendre leurs inquiétudes, voire de tenter de les diminuer en lien avec le passage de leur enfant vers la première année. » – Karine Spénard et Natasha Desmeules, enseignantes à la maternelle.
Les rencontres impliquant les parents des enfants touchés par cette transition maternelle-première année semblent aussi représenter un bon coup important du projet. En effet, les discussions entre les enseignantes et les parents ont été d’une grande richesse pour l’avancement du projet. Elles ont permis de recueillir les perceptions de ces derniers, tout en favorisant l’établissement de liens de collaboration entre l’école et la famille.
« [Les enseignantes] ont pu tirer des informations pertinentes de leur part : leurs attentes envers l’école, leur désir de collaboration avec le milieu scolaire, leurs inquiétudes en lien avec la “préparation” de leur enfant, leurs préoccupations envers leur implication, etc. […]. » – Claudine Perreault, conseillère pédagogique.
Tout au long du projet, la chercheuse a accompagné les enseignantes afin de les soutenir dans leurs réflexions et dans la mise en place d’actions permettant d’harmoniser les pratiques entre la maternelle et la première année. Dans son rôle de chercheuse principale, Stéphanie Duval a su mobiliser les connaissances pertinentes issues de la recherche pour enrichir les réflexions et les discussions, conseiller et guider adéquatement les enseignantes dans la mise en place des pratiques en classe. Par leur expertise, les cochercheuses impliquées dans ce projet accompagnent la chercheuse principale dans les différentes activités y étant liées, notamment en ce qui concerne l’analyse des données et la diffusion des résultats dans les milieux de la recherche et de la pratique (p.ex. présentations dans des congrès scientifiques et professionnels, rédaction d’articles, rédaction d’un chapitre de livre, etc.).
Au regard des enseignantes, les réflexions et les pratiques qui ont été mises en place concernent différents aspects rattachés au milieu éducatif. Elles sont entre autres liées au regroupement d’enfants lors du passage de la maternelle vers la première année (p.ex. tenter de conserver des amitiés dans les six groupes d’enfants), et aux manières de favoriser des approches similaires entre les milieux éducatifs (p.ex. offrir des moments de jeu réalisés dans les classes de maternelle par les enfants de première année en septembre).
Les enseignantes ont pu mettre en place dans leur classe des pratiques de transition qu’elles avaient évoquées lors des rencontres de concertation avec la chercheuse (p.ex. visiter et observer les classes des collègues, prévoir des moments de jeu en première année, etc.). En parallèle, l’équipe de recherche a examiné l’effet des rencontres de concertation sur le climat de classe (maternelle et première année), en plus d’observer le lien entre la mise en place des pratiques de transition, le bien-être et l’adaptation des enfants à leur nouvel environnement, en mesurant notamment leurs fonctions exécutives, qui sont liées à leur réussite éducative. Le projet est en cours de réalisation; ainsi, l’analyse de données n’est pas encore finalisée.
Plusieurs actions vont se poursuivre l’an prochain. Les changements se font doucement, selon le rythme de chacune. D’autres mesures liées à la transition scolaire sont souhaitées avec le reste de l’équipe, afin de mettre à profit l’expérience et les connaissances des participantes de ce projet. Un accompagnement est souhaitable en vue de les soutenir de manière plus approfondie dans leur processus d’harmonisation.
Commission scolaire des Découvreurs
Personne-ressource :
Claudine Perreault
perreault@csdecou.qc.ca