Un chantier de formation pour faciliter le développement de la pensée algébrique

En mathématiques, le passage du primaire vers le secondaire signifie aussi le passage d’un mode de raisonnement arithmétique vers un mode de raisonnement algébrique. Pour les élèves comme pour les enseignants, ce passage pose parfois problème. En 2013, à la suite d’une journée scientifique sur la didactique de l’algèbre et en cohérence avec l’objectif d’un regroupement francophone de didacticiens, un chantier de travail collaboratif québécois sur la pensée algébrique a vu le jour. Sous forme d’ateliers de formation, d’échanges et de réflexion sur la pratique, ce chantier visait à accompagner les participants afin de les aider à faciliter chez leurs élèves le passage du raisonnement arithmétique au raisonnement algébrique.

« L’intention principale du chantier de travail fut d’accompagner les participants afin de les aider à saisir les occasions d’adopter une posture d’enseignement facilitant le transfert du raisonnement arithmétique au raisonnement algébrique chez les élèves du primaire et du 1ercycle au secondaire. » – Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.

Dans le cadre de ce chantier sur le développement de la pensée algébrique, le projet a pris la forme de rencontres entre des didacticiens de différentes universités québécoises et des conseillers pédagogiques de commissions scolaires variées. L’organisation de ces rencontres était soutenue par la direction des programmes de la mathématique du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). Ce projet visait à outiller les conseillers pédagogiques pour qu’ils soient encore davantage en mesure d’accompagner les enseignants afin de faciliter le développement de la pensée algébrique chez les élèves. Pour ce faire, les conseillers pédagogiques ont travaillé en collaboration avec six didacticiens de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université du Québec à Rimouski, de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Laval.

Le projet en un clin d’oeil

Lors des rencontres, les didacticiens échangeaient avec les conseillers pédagogiques selon des connaissances issues de la recherche et du milieu scolaire. À la suite de ces rencontres, ces derniers pouvaient accompagner les enseignants de leur milieu dans la conception et la mise en pratique de situations d’apprentissage favorisant le développement de la pensée algébrique. Lors de chaque rencontre, un temps était d’ailleurs réservé pour partager leurs expérimentations.

« Durant les premières années, le travail prenait la forme de formations en présentiel auprès des conseillers et des conseillères pédagogiques. L’agenda de ces formations permettait aux participants de retourner dans leur milieu et d’expérimenter avec des enseignants et des enseignantes volontaires. » – Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.

Lors des années suivantes, une plateforme Web d’échange et de mutualisation des ressources a été produite et les formations se sont alors transformées en présentations de type webinaire. L’équipe du projet a également eu l’occasion de présenter les grandes lignes de la démarche lors de colloques et de congrès.

Depuis 2017, deux conseillers pédagogiques de la commission scolaire de la Capitale, Martin Baril et Sonya Fiset explorent une nouvelle porte d’entrée au projet de développement de la pensée algébrique utilisée par le chantier : la pensée algorithmique. Pour ce faire, ils ont consulté divers travaux de recherche et ils ont pris contact avec des chercheurs de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et de l’Université du Québec à Montréal en l’occurrence Mme Fabienne Venant de la section didactique du département de mathématiques.

Les défis et les bons coups

« Nous sommes choyés, car c’est par le biais d’un contact direct avec ces didacticiens et ces didacticiennes que nous avons su utiliser les connaissances issues de la recherche. » -Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.

Selon M. Baril, la manière dont autant de chercheurs d’universités différentes ont été rassemblés et la manière dont le transfert des connaissances s’est réalisé sont les plus belles réussites de ce projet. Un autre bon coup de ce projet serait d’avoir installé dans le vocabulaire des praticiens québécois la pensée algébrique et les mots qui la caractérisent.

« La participation des chercheurs a joué un rôle de premier plan pour la mise en œuvre du projet. Plus particulièrement, M.Hassane Squalli a su, par ses qualités de rassembleur, unir un groupe de chercheurs québécois intéressé par le développement de la pensée algébrique. Il est à noter que le groupe fut constitué de chercheurs issus d’universités québécoises différentes. » – Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.

À l’inverse, le plus grand défi du projet est de préserver les acquis et d’augmenter l’adhésion des praticiens pour se pencher sur le développement de la pensée algébrique.  Les membres équipe ont aussi rencontré un défi financier. Ils auraient aimé bénéficier de soutien financier et technique pour l’entretien et le développement de la plateforme d’échange.

L’utilisation des connaissances issues de la recherche

« Par la réflexion et par la discussion, les chercheurs ont accompagné les praticiens afin que ces derniers fassent émerger de leur enseignement des occasions de mettre en pratique l’approche par le développement de la pensée algébrique. » – Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.

Tout au long de ce projet, les didacticiens ont apporté des connaissances issues de la recherche pertinentes à la formation des conseillers pédagogiques sur le développement de la pensée algébrique. À l’inverse, en partageant leurs expérimentations, ces derniers ont également enrichi les connaissances des didacticiens.

 « Nous qualifions les échanges d’équilibrés, car les connaissances voyagent des chercheurs aux praticiens et vice versa. » – Martin Baril, conseiller pédagogique en mathématiques.


Personne-ressource de la commission scolaire:

  • Martin Baril, conseiller pédagogique (martin@cscapitale.qc.ca)

Personnes impliquées dans la démarche:

  • Isabelle Charest, conseillère pédagogique
  • Sonya Fiset, conseillère pédagogique
  • Hélène Paradis, responsable de l’évaluation des programmes de mathématiques – MEES (au moment du projet : responsable des programmes de mathématiques)
  • Hassane Squalli et Adolphe Adihou, chercheurs – Université de Sherbrooke
  • Izabella Oliveira, chercheuse – Université Laval
  • Fabienne Venant et Mireille Saboya Mandico, chercheuses – Université du Québec à Montréal
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Martin Baril
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